Comprendre et traiter son impact sur la collecte de données numériques dans les enquêtes
Ces dernières années ont été marquées par un intérêt croissant pour le concept de « confiance numérique » en tant que composante fondamentale de la santé des sociétés numériques et de leur capacité à exploiter de manière efficace les données pour le bien commun. La confiance numérique a été définie comme « l'attente des individus que les technologies et les services numériques - et les organisations qui les fournissent - protègent les intérêts de toutes les parties prenantes et soutiennent les attentes et les valeurs de la société » (Forum économique mondial 2022 ; p.4). Malgré la reconnaissance de son importance, la numérisation et la « datafication » croissante de la vie humaine ont alimenté une crise de confiance croissante entre les citoyens/consommateurs et les diverses institutions responsables de la collecte et de l'exploitation des données résultant des interactions et des transactions avec les systèmes numériques.
Bien que la nécessité de réduire le déficit de confiance numérique soit largement reconnue, on manque encore de données sur l'ampleur de la méfiance au sein de la population, sur la manière dont elle varie selon les sous-groupes et sur ses implications en termes de volonté d'utiliser différents prestations et de partager des données personnelles en ligne. Pour compliquer les choses, il n'y a pas de consensus sur la manière de mesurer la confiance numérique et sur la manière de comprendre les mécanismes par lesquels elle affecte la prise de décision et le comportement. Ce nouveau projet répondra à ces différents besoins de recherche, en se concentrant sur le contexte spécifique de l'influence de la confiance numérique sur la volonté de participer à des enquêtes sociales impliquant la collecte de données numériques. L'utilisation croissante des outils de collecte de données numériques à des fins de recherche et de production de statistiques officielles (par exemple, par le biais d'enquêtes en ligne, d'applications logicielles mobiles (applications de recherche) et d'appareils Bluetooth portables) oblige désormais les participants à partager différents types de données personnelles sur différentes plateformes, via différents modes de saisie des données, ce qui contribue à la confusion et aux préoccupations concernant la sécurité et la confidentialité des données. En conséquence, les taux de réponse sont généralement faibles, ce qui présente un certain nombre de menaces pour la qualité des données et la validité des conclusions qui en sont tirées.
Dans ce contexte, ce projet vise à : a) améliorer la compréhension de la nature de la confiance numérique et de la manière dont elle devrait être mesurée dans les enquêtes ; b) évaluer la prévalence de la confiance numérique dans la population suisse et identifier ses principaux corrélats et antécédents ; c) examiner dans quelle mesure et par quels mécanismes les différents éléments de la confiance numérique constituent des obstacles à la participation à la collecte de données numériques, ainsi que les implications de cette situation sur la qualité des données ; et d) tester et comparer l'efficacité de différentes stratégies de renforcement de la confiance pour promouvoir la volonté de participer à la collecte de données numériques.
Pour atteindre ces objectifs généraux, nous prévoyons d'analyser les nouvelles données recueillies dans le cadre de l'enquête MOSAiCH (Mesure et observation des attitudes sociales en Suisse) et de l'enquête ISSP (International Social Survey Programme) sur les « sociétés numériques », ainsi que les données issues d'expériences d'enquête visant à tester les moyens de renforcer la confiance et de motiver la participation aux enquêtes conduites avec des applications mobiles. Les conclusions du projet apporteront de nouvelles contributions théoriques, substantielles et pratiques à la méthodologie et à la pratique des enquêtes, ainsi qu'à une réflexion plus large sur les moyens de réduire les obstacles à l'exploitation efficace des données de recherche numériques.