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Le temps des seniors – garde d’enfants, bénévolat et temps pour soi

28/08/2023
©Syda Productions - AdobeStock

Le 8 juin 2023 se sont tenues les Assises des Familles, journée annuelle de conférences et débats autour des questions familiales à Genève. Cette année, l’évènement organisé par l’Association Avenir Familles était consacré à « la grand-parentalité et les liens intergénérationnels : donner de son temps ou prendre son temps ? ». Quelque 30 professionnel·les de terrain ont pris part à la présentation des résultats de recherche ainsi qu’aux trois tables-rondes au sujet du rôle des seniors dans le soutien à la famille, dans la vie associative et dans le développement de soi. Les aîné·es ainsi que les relations intergénérationnelles resteront au cœur des prochaines Assises des Familles en 2024. 

Entre 65 et 80 ans, les aînés offrent souvent un soutien à leur famille, ainsi qu’à leur réseau et à la société civile en accomplissant un important travail de bénévolat. Danielle Jaques Walder, présidente d’Avenir Familles, ouvre ces Assises en l’honneur des seniors en insistant sur leur forte contribution à la cohésion sociale. Et leurs rôles sont multiples. De la garde de leurs petits-enfants au bénévolat, le temps pour soi fait parfois défaut après une vie passée à travailler.

Sur la base de l’enquête sur les Familles et les Générations (EFG) de la Confédération, les sociologues Eric Widmer et Myriam Girardin présentent le profil type de grands-parents impliqués dans la garde de leur progéniture : des seniors de formation supérieure, entre 65 et 69 ans, qui s’occupent de petits 1 journée par semaine (moins de 8 heures). Ce type de « garde hobby » a le bénéfice de rester un loisir pour les grands-parents, qui n’ont pas à endosser un rôle éducatif. « [Cette organisation] est l’expression de normes dominantes plus individualistes, valorisant davantage l’épanouissement personnel. Les liens familiaux sont dès lors entretenus plus par plaisir que par obligation », souligne Myriam Girardin. Cet équilibre semble précieux pour les personnes interrogées, car il permet de ne pas prendre la place des parents, d’éviter les contraintes éducatives ainsi que le surengagement.

Bien que les professionnel·les interrogé·es n’interviennent pas au sein des familles dans ce cadre, ils et elles rejoignent les grands-mamans interviewées et relèvent plusieurs apports de la garde des petits-enfants : prendre du plaisir, valorisation, distraction contre l’ennui, motivation à se maintenir en forme, autant d’éléments positifs qui incitent les grands-parents à assumer une partie de la garde.

Diversifier la casquette de « retraité·e »

Après les résultats de recherche, des professionnel·les de terrain et le public ont échangé au sujet de trois thématiques spécifiquement vouées aux seniors. Lors de la table-ronde consacrée au soutien à la famille, l’on déplore le manque d’avancées sociales en 30 ans dans le domaine de la garde d’enfants et de la conciliation de la vie familiale et professionnelle.

La deuxième table-ronde souligne l’implication précieuse des seniors au sein des associations caritatives, qui recherchent un épanouissement personnel ou craignent de manquer d’occupations à la retraite. Deux profils de bénévoles sont relevés ainsi que le rôle primordial des associations pour la cohésion sociale. Après la retraite, ce sont plutôt les personnes de milieux favorisés qui s’investissent, alors qu’avant, l’on voit davantage de gens de milieux défavorisés, cherchant à s’intégrer dans le monde du travail à travers le bénévolat. 

Enfin, le temps libre et le développement de soi étaient traités lors de la dernière session d’échanges. Bien vieillir reste une injonction sociale forte et relève de la responsabilité individuelle. Des pistes sont proposées pour sortir de cette vision culpabilisante. Il est nécessaire d’adopter une vision intégrative de ces différents facteurs, qui prend en compte la santé mentale des 65 ans et plus. Bien vieillir devient ainsi une question sociétale et non individuelle. 

Créée en 2015, l’association Avenir Familles a pour objectif de favoriser le développement d’une politique familiale à Genève en rassemblant, partageant, collectant et analysant les informations sur les familles. Elle approfondit annuellement un axe de recherche, qu’elle reprend lors des Assises des Familles, qui regroupent les familles, les professionnel·les et les associations travaillant en lien avec cette thématique (enfance, adolescence, adultes, familles, seniors). Les Assises des Familles sont organisées avec le soutien de l’Université de Genève et du Centre LIVES.