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Plus que leur nombre, la concentration des événements critiques impacte le bien-être à long terme

18/11/2024

Communiqué de presse

Lausanne, 19 novembre 2024 – Une équipe internationale de quatre chercheur·es du Centre LIVES ont étudié l’impact des événements critiques survenus au cours de la vie et leur influence sur le bien-être à un âge avancé. Sur la base de données du Panel suisse de ménages, l’étude montre que ce n’est pas seulement le nombre de ces événements qui compte, mais également leur concentration dans le temps. En effet, une forte densité d’événements critiques, qu’ils soient personnels, professionnels ou familiaux, exerce une influence négative durable sur la satisfaction de vivre, au-delà des effets déjà connus des caractéristiques sociodémographiques ou des circonstances de vie.

Pour mesurer cette concentration, Chiara Comolli (Université de Bologna), Danilo Bolano (Université de Firenze, Firenze), Laura Bernardi (Université de Lausanne) et Marieke Voorpostel (FORS) ont développé un nouvel outil : l’indice de concentration (IC), qui prend en compte non seulement le nombre d’événements vécus mais également leur espacement temporel. En analysant des données rétrospectives du Panel suisse de ménages, l’étude met en lumière que des événements critiques rapprochés dans le temps épuisent plus fortement les ressources des individus, affectant durablement leur bien-être.

Les femmes plus résilientes que les hommes

Un des résultats notables de l’étude concerne les différences de genre. Bien que les femmes aient vécu, en moyenne, plus d’événements critiques que les hommes, elles se montrent également plus résilientes face à la concentration temporelle de ces événements. Alors que les hommes affichent une baisse presque linéaire de leur satisfaction à vivre à mesure que l’IC augmente, l’impact négatif semble s’atténuer pour les femmes lorsque l’IC est très élevé. Cette résilience féminine pourrait s’expliquer par une exposition plus fréquente à des événements critiques concentrés au cours de leur vie, ce qui les préparerait à mieux gérer ces défis.

Des inégalités sociales marquées

Les origines socio-économiques jouent également un rôle déterminant. Les hommes issus de milieux socio-économiques défavorisés ressentent les effets négatifs de la concentration d’événements critiques plus fortement que ceux venant de milieux plus favorisés. En revanche, chez les femmes, l’origine sociale n’a pas montré d’impact significatif sur la relation entre l’IC et le bien-être à long terme.

Une approche novatrice pour évaluer les parcours de vie

Cette recherche démontre que le simple décompte des événements critiques est insuffisant pour comprendre leur impact sur la qualité de vie. En incluant des facteurs tels que l’espacement temporel et le contexte des événements, cette étude offre une nouvelle perspective sur les inégalités face aux défis de la vie et leurs répercussions durables.

Ces conclusions soulignent l’importance d’une approche multidimensionnelle pour analyser les trajectoires de vie et offrent des pistes pour développer des politiques et des soutiens adaptés aux groupes les plus vulnérables.

 

Contact et informations

Chiara Ludovica Comolli – professeure associée de démographie à l'Université de Bologna, Université de Bologna – chiara.comolli@unibo.it

Article paru 

Depuis 2011, le Centre LIVES (Centre suisse de compétence en recherche sur les parcours de vie et les vulnérabilités) étudie les effets de l'économie et de la société sur l'évolution de situations de vulnérabilité par le biais d'études longitudinales et comparatives. Il vise à mieux comprendre l'apparition et l'évolution de la vulnérabilité ainsi que les moyens de la traverser pour favoriser l'émergence de mesures sociopolitiques innovantes. Le Centre LIVES est abrité par les universités de Lausanne et de Genève. Il comprend un réseau de quelque 250 chercheur·es de diverses disciplines, dans toute la Suisse et à l’étranger.