
Les scientifiques spécialisés dans les parcours de vie ont discuté leur travail lors de la journée annuelle «LIVES Day» à Lausanne le 3 juin 2025. Crédits photos/vidéo: © Centre LIVES
Un sacré rythme! 34 présentations de 5 minutes, 2 Keynotes de 15min, 80 participants, des thèmes aussi variés que les nouvelles pratiques familiales en Suisse et l’égalité des chances à l’école, en passant par la préparation à la fin de vie et le deuil périnatal. La nouvelle journée «LIVES Day» a confirmé non seulement la nécessité de réunir les chercheur·es spécialisé·es dans les parcours de vie mais aussi leur bonheur à le faire. Écoute des recherches de collègues, mélange des disciplines et des méthodes, le moment a été riche et très vivant. Preuve de la pertinence de l’événement: cette année, les participant·es ont été plus nombreux encore à s’inscrire et ils ne se sont pas désistés. Laure Sandoz, coordinatrice scientifique du Centre LIVES et organisatrice de la journée, explique le but du LIVES Day.
Quel est l'objectif de la journée «LIVES Day»?
Réunir les personnes qui ont des projets de recherche en lien avec le parcours de vie. Donner une vue d’ensemble des projets actuellement associés à LIVES au travers de présentations flash (5min). Chaque année, on essaye d’avoir un programme varié qui donne envie à nos membres de venir découvrir ce qu’il se passe au sein du Centre. On espère qu’une telle journée permette aux scientifiques d’identifier d’autres collègues qui travaillent sur des sujets similaires aux leurs, que cela enclenche des discussions, et peut-être, qui sait, de nouvelles collaborations peuvent voir le jour.
Depuis combien d'années le LIVES Day est-il organisé?
Sous la forme actuelle, c’est la 3e fois que nous organisons cette journée, depuis la fin du Pôle national de recherche. Traditionnellement, depuis 15 ans, il y a toujours eu une grande rencontre annuelle pour tous les membres de LIVES.
Les gens sont-ils satisfaits de ces journées?
C'est une bonne surprise de voir que, chaque année, la très grande majorité des scientifiques qu’on sollicite pour présenter leur recherche répondent présent·es à l’événement. Côté public, on a toujours beaucoup de participant·es. Pour cette année, c’est près de 80, ce qui nous réconforte dans l’idée que nous devons continuer à organiser cette journée.
Il y a la partie travail d’un côté et un moment de partage de l'autre?
C'est vraiment l'idée. C'est important qu'il y ait un moment convivial après la partie scientifique. Que les gens puissent vraiment se retrouver, discuter. On tremble un peu chaque année à l’idée d’organiser l’apéro à l’extérieur … Cette année, on a encore eu de la chance avec la météo parce que se rabattre dans une cafétéria, c’est tout de suite moins fun.
Parfois, on vit des moments cocasses, où on découvre les gens un peu différemment. Je me souviens d'une année où il faisait particulièrement chaud… Les gens se sont jetés dans le lac!
Combien de membres le centre LIVES compte-t-il aujourd'hui?
Actuellement, on est à plus de 280 membres, répartis entre Lausanne, Genève et d'autres institutions universitaires ou hautes écoles en Suisse et à l'étranger.
Un chiffre satisfaisant?
Oui. Au niveau de l'équipe de coordination, on peut connaître, plus ou moins personnellement, les membres actifs. Donc, quand on organise des événements comme le LIVES Day, il y a une certaine masse critique, mais en même temps, l’événement reste relativement familial. En réalité, notre but n'est pas forcément d'avoir beaucoup de membres, mais d'avoir des membres intéressés, qui s'engagent.
Des membres engagés dites-vous. Parce qu’il y a des membres pas engagés?
On essaye d’avoir des membres qui ont des centres d'intérêt commun, tout en venant d'horizons différents. Le mot-clé, c’est: l'interdisciplinarité. On veut des collaborations entre personnes qui s'intéressent à d'autres disciplines, d'autres manières de faire de la recherche. Pour favoriser l’échange, on demande de temps en temps à nos membres de s'impliquer, participer à des conférences, proposer des événements, se mobiliser pour organiser des ateliers. Parfois, on les invite à donner un cours dans le cadre de notre programme doctoral. Nous n’aimerions pas avoir des membres focalisés uniquement sur leur recherche. On attend d’eux qu'ils gardent à l’esprit cette idée d’échange au sein de la communauté.
L’interdisciplinarité. Pourquoi est-ce si important?
Je pense qu'il y a un peu cette idée que la science s'est beaucoup développée en silos. On est devenus de plus en plus spécialisés dans une thématique. Les chaires, les instituts fonctionnent aussi de manière très disciplinaire, ce qui permet une spécialisation qui est importante. Mais, je pense qu'on est arrivé à un point où l’on se rend compte que, pour innover, pour être créatif, c'est aussi important de voir ce qui se fait ailleurs. Et parfois, il y a un peu une tendance à répéter les mêmes choses. Alors croiser les disciplines, réunir les scientifiques, ça peut faire naître des idées, émerger de nouvelles connaissances et éviter de perdre trop de temps à multiplier des découvertes similaires dans différents silos parallèles.
Donnez-nous un exemple d’interdisciplinarité qui corresponde à votre objectif?
La recherche sur les centenaires «SWISS100 - Étude de la vulnérabilité et de la résilience des centenaires suisses», dont les résultats ont été présentés en mai dernier, est l’un des exemples récents. Combiner les spécialités telles que la biologie, la psychologie, la psychiatrie, la médecine clinique et la sociologie, permet de saisir le phénomène dans son ensemble, d’avoir une vision sociale, clinique et psychologique qui donne des bases pour comprendre et agir si cela est nécessaire.
Qu’est-ce qu’on gagne à être membre chez LIVES?
Ce qu'on offre, c'est surtout une communauté, un réseau et des occasions d'échanges, de rencontres et de conférences. Nous permettons aux scientifiques de se rassembler autour de la thématique du parcours de vie, d'être informé de ce que font les un·es et les autres et d'enrichir son horizon.
LIVES soutient aussi la relève. Notre programme doctoral en est un bon exemple, ainsi que nos bourses pour jeunes chercheur·es. Bien que les sommes ne soient pas exorbitantes, elles sont appréciées. Encore une fois, c’est important d’insister sur le fait que nous offrons un cadre de travail interdisciplinaire pour faire avancer la recherche sur les parcours de vies et la vulnérabilité.
Interview réalisée par Kalina Anguelova