Faire face au passé des mauvais traitements dans les institutions publiques
Au cours des dernières décennies, un nombre croissant de pays, dont la Suisse, ont pris des mesures pour faire la lumière sur l’histoire récente de mauvais traitements systématiques subis par des enfants et adolescents placés dans des institutions étatiques. La recherche sur la manière dont le traitement du passé peut déboucher sur des formes de reconnaissance et de réparation bénéfiques aux personnes concernées, et à leurs familles, est toutefois encore relativement clairsemée. Dans ce contexte, le présent projet vise à étudier les processus de partage de mémoires liées à des traitements problématiques, dans un contexte marqué par un silence sociétal encore largement répandu, moyennant une démarche de recherche collaborative menée au Luxembourg. Par ailleurs, nous souhaitons tirer des leçons pertinentes d’une décennie de traitement du passé lié aux détentions administratives en Suisse, sur la manière dont une société peut passer du silence à l’ouverture d’un débat sociétal, et stimuler un processus de transfert de connaissances entre les deux sites de recherche.
La contribution escomptée du projet de recherche à la littérature scientifique et aux connaissances publiques se déclinera ainsi autour de trois points forts :
- Premièrement, nous examinerons l'impact biographique de la prise en charge en institution sur plusieurs générations, en élargissant le champ de la recherche aux enfants des personnes directement concernées, mais aussi à leurs parents.
- Deuxièmement, nous examinerons comment, et sous quelles conditions, des histoires familiales difficiles peuvent devenir des sources non seulement de vulnérabilité, mais également de résilience.
- Troisièmement, contrairement à la plupart des programmes de recherche précédents, nous étudierons ces processus dans un contexte social encore marqué par un silence collectif prédominant sur les « traitements qui font du mal » au sein des institutions étatiques.
Lien important: